Krys Sète - Roustan
Charlène H
Situé à Paris 12°, l’Hôpital National des 15-20 est un lieu chargé d’histoire. A l’origine dédié à l'hébergement des personnes aveugles, l’institution a évolué au fil des siècles jusqu’à devenir un hôpital national, référence dans l’ophtalmologie et le traitement des maladies de la vision. Leader dans ses missions de soins, d’enseignement et de recherche, il fait partie des premiers Instituts Hospitalo-Universitaires (IHU) qui ont été créés en France. Notre reportage et interviews auprès du Pr Christophe Baudouin et de Nicolas Péju.
Pr Christophe Baudouin,
professeur des universités,
ophtalmologiste praticien Hospitalier
et directeur de l'IHU FOReSIGHT
Nicolas Péju,
directeur général de l'Hôpital National des 15-20
Les origines de l’Hôpital National des 15-20 remontent au Moyen-Âge. C’est en 1260 que le Roi Louis IX, plus communément appelé Saint Louis, crée un établissement pour héberger les aveugles de Paris, dénommé congrégation des Quinze-Vingts. Le nom de Quinze-Vingts fait référence à la capacité d’accueil qui était de 300 personnes, car à l’époque, on comptait par vingtaines selon le système de numération vicésimale (soit 15 fois 20 qui équivaut à 300). « Saint Louis, qui était un roi très pieux, voulait faire une bonne action et a fondé une maison pour les aveugles avec le budget royal. Si beaucoup d’autres institutions ont préfiguré, comme l’Hôtel Dieu, elles ont été portées par l’Eglise. Avec la création des Quinze-Vingts, c’est la première fois que l’Etat crée une institution sociale », détaille Nicolas Péju, directeur général de l’hôpital.
Lorsqu’il fut fondé, l’établissement n’était pas une institution de soin mais un lieu de vie, ayant vocation à héberger les personnes aveugles et les rassembler pour les aider. Des récits racontent que les personnes accueillies étaient des chevaliers, qui avaient été fait prisonniers par les Sarrasins lors des croisades et à qui on avait brûlé les yeux. Mais « ce n’est qu’une légende », commente le Pr Christophe Baudouin, directeur de l’IHU, qui précise : « Les musulmans demandaient des rançons, donc ils n'abîmaient pas leurs prisonniers. Les historiens pensent plutôt qu’une maladie inconnue des occidentaux sévissait, provoquant des sensations de brûlures des yeux. Les victimes pouvaient être atteintes du trachome ».
A l’origine, l’hospice des Quinze-Vingts était situé dans un espace s’étendant de l’actuelle place du Palais royal jusqu’au milieu du jardin des Tuileries. C’est à la fin du 18e siècle, à l’initiative du cardinal de Rohan, qu’il est transféré dans l’ancienne caserne des mousquetaires noirs. Cela reste aujourd’hui son emplacement actuel. A la fin du 19e siècle, le docteur Fieuzal y crée une clinique où sont prodigués des soins ophtalmologiques gratuits. Celle ci se développe au fur et à mesure des progrès de la médecine, et d’une ophtalmologie balbutiante, on passe à un centre de soin spécialisé dans les maladies des yeux, qui accueille des patients de toute la France. L’hospice devient par décret l’Hôpital national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts en 1957, puis Centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts en 1992.
Place du Palais royal, jardin des Tuileries
Au fil des années, l’Hôpital National des 15-20 s’ouvre aux nouvelles technologies et aux techniques médicales avancées, et se consacre de plus en plus à la recherche et à l’enseignement. Une convention de partenariat avec l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris et l’Université Paris VI est signée en 1997, renforçant l’assise hospitalo universitaire. En 2004 est créé le centre d’investigation clinique, qui devient le seul centre spécialisé dans l’étude des maladies de la vision. A peine quelques années plus tard, en 2008, l’Institut de la Vision est créé sous l’impulsion du Pr José-Alain Sahel, qui a rejoint l’établissement en 2001. Ce centre de recherche réunit sur un même site chercheurs, médecins, patients et industriels pour découvrir des traitements innovants contre les maladies oculaires et améliorer la qualité de vie des personnes malvoyantes. Rassemblant plus de 300 chercheurs, l’Institut de la Vision est aujourd’hui reconnu au niveau international comme étant l’un des plus importants centres de recherche dédié à la vision. « C’est grâce à cet écosystème, avec la réunion d’un hôpital majeur où on pratique le soin, et d’un institut exceptionnel dans le domaine de la recherche, qu’on a pu obtenir la labellisation d’IHU en 2019 », note Nicolas Péju.
La dernière grande date dans l’histoire de l’hôpital est en effet la reconnaissance comme IHU (Institut Hospitalo-Universitaire). Créés par le gouvernement en 2011, les IHU sont des établissements de formation et de recherche médicale qui concentrent sur un même site toutes les forces autour d’une même thématique. Lieux d’excellence scientifique et médicale, ils ont pour mission d’accélérer la recherche et l’accès aux innovations thérapeutiques, afin d’améliorer la prise en charge des patients. Labellisé en 2019, l’IHU FOReSIGHT est centré sur l'Institut de la Vision et l’Hôpital National des 15-20. Il intègre également des partenaires tels que certains services d’ophtalmologie de l’APHP, l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild et le laboratoire Neurospin (CEA). « L’IHU FOReSIGHT étant le 7e IHU de France, nous faisons partie des IHU historiques. C’est une reconnaissance très rare. Par la suite, le succès du principe des IHU a fait qu’une nouvelle vague a été créée en 2023 », explique le Pr Christophe Baudouin, qui a succédé au Pr José-Alain Sahel à la direction de l’IHU.
"C'est grâce à cet écosystème, avec la réunion d'un hôpital majeur et d'un institut de recherche exceptionnel, qu'on a pu obtenir la labellisation d'IHU." Nicolas Péju.
« Nous avons une expertise dans tous les domaines de l’ophtalmologie et dans chaque domaine, il y a beaucoup d’experts. C’est ce qu’on appelle la masse critique, le fait d’avoir plusieurs personnes hypercompétentes dans chaque domaine apporte une force supplémentaire ». Pr Christophe Baudouin.
Aujourd’hui, l’Hôpital National des 15-20 est le seul hôpital public entièrement dédié à l’ophtalmologie et aux pathologies de la vision. Disposant de techniques médicales innovantes et de compétences particulières, « c’est un hôpital à l’essor national, qui continue de recevoir des patients qui viennent de toute la France. Cette vocation a perduré », commente Nicolas Péju. Il rappelle qu’il s’agit d’un hôpital de recours, où « on ne vient pas pour des soins hospitaliers courants, mais pour des prises en charge lourdes et complexes. Les patients viennent en deuxième intention, après avoir vu un ophtalmologiste qui les a orientés en raison d’une situation clinique complexe ».
Le fait que l'Hôpital National des 15-20 soit entièrement dédié à l’ophtalmologie « permet de mutualiser beaucoup de moyens », selon le Pr Christophe Baudouin qui détaille : « nous avons une expertise dans tous les domaines de l’ophtalmologie et dans chaque domaine, il y a beaucoup d’experts. C’est ce qu’on appelle la masse critique, le fait d’avoir plusieurs personnes hypercompétentes dans chaque domaine apporte une force supplémentaire ». Il ajoute que l’hôpital dispose d’un équipement de pointe : « Nous avons tout le matériel qui existe et aussi celui qui n’existe pas encore. En effet, nous évaluons avant tout le monde des prototypes, développés par nos équipes à l’hôpital ou par des industriels ». C’est le cas par exemple de la thérapie génique, mise au point par les équipes du Pr José-Alain Sahel pour développer la capacité visuelle dans le cas de rétinite pigmentaire, et qui est aujourd’hui entrée dans le soin. Les praticiens de l’hôpital utilisent également les techniques les plus récentes tels que les chirurgies mini invasives dans le glaucome.
Si l’Hôpital National des 15-20 est reconnu comme centre de soin d’excellence, c’est également un centre qui développe une activité de soins en volume. Sur l’année 2023, l’hôpital compte près de 290 000 consultations, plus de 51 200 passages aux urgences, et près de 23 000 actes chirurgicaux (dont plus de 88% en ambulatoire). « Il n’y a pas d’équivalent en France et même en Europe. Il y a eu plus d’interventions chirurgicales en ophtalmologie aux 15-20 que dans tous les hôpitaux de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) additionnés », détaille Nicolas Péju, qui précise que plus de 200 médecins exercent à l’hôpital, dont une centaine de praticiens permanents et une centaine à temps partiel.
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Propos recueillis par Sophie Vo
Suite de notre reportage exceptionnel à l'hôpital national d'ophtalmologie des 15-20 à Paris, reconnu comme un des leaders mondiaux en matière de soins en ophtalmologie, de recherche clinique et d'enseignement.
La sécheresse oculaire est l’un des premiers motifs de consultation dans les cabinets d’ophtalmologie&nbs
Difficultés à se souvenir où ont été posées les clés, de l’emplacement d’un produit fréquemment acheté dans les rayons du supermarché, du trajet pour se rendre à tel ou tel endroit… c’est un fait connu, avec l’âge, la mémoire spatiale s’altère.
Charlène H
Virginie R.
Marion V
Elisabeth G